Il est rare de trouver une agence de transport ou une personnalité politique, à quelque niveau de gouvernement que ce soit, qui ne considère pas la sécurité comme une priorité absolue. Pourtant, les routes continuent d’être conçues et construites avec des caractéristiques dont on sait qu’elles sont dangereuses. Il est politiquement facile de soutenir les principes de la sécurité routière, mais il est beaucoup plus difficile de prendre les mesures nécessaires pour en faire une réalité. Il est tentant de traiter la sécurité routière comme un problème de comportement individuel nécessitant un slogan accrocheur ou une campagne de marketing intelligente. Pour éviter ce piège, les gouvernements doivent faire le travail courageux d’assumer la responsabilité des performances de sécurité de leurs systèmes de transport. Nous ne devons pas craindre un dialogue honnête et transparent sur le fonctionnement d’un système véritablement axé sur la sécurité, sur les coûts politiques et financiers de sa mise en œuvre, ainsi que sur les avantages et les inconvénients qui en résulteraient.
Donner la priorité à la sécurité porte plusieurs noms : Approche Systémique de la Sécurité, Vision Zéro, Sécurité Durable. Bien qu’il existe des différences nuancées, ces termes partagent des valeurs et des principes communs et font partie d’une nouvelle manière interdisciplinaire de penser la sécurité routière. Aux États-Unis, le terme « Safe System Approach » (Approche Systémique de la Sécurité) est en train de devenir le moyen privilégié de décrire les efforts systémiques et fondés sur les données en matière de sécurité routière, et a été adopté par le Ministère des Transports des États-Unis et d’autres organismes de premier plan. Quelle que soit l’appellation, ces approches modernes de la sécurité routière se caractérisent par des engagements publics de haut niveau de la part des responsables, des stratégies fondées sur les données et axées sur l’équité, et une conception proactive et contextuelle des rues pour élaborer une stratégie systémique à plusieurs niveaux. Elles nécessitent une coordination entre divers secteurs, notamment les forces de l’ordre, la santé publique et les transports. Il s’agit d’une approche à multiples facettes qui nécessite un leadership fort, un engagement public robuste et authentique, et une collaborationentre les agences, les disciplines et les pratiques.
Crédit : Vision Zero Network
Il y a beaucoup de choses à considérer et beaucoup d’enjeux. Comme pour la crise climatique, il est facile de se sentir dépassé par le problème de la sécurité routière, car il est systémique et ne peut être résolu par une seule organisation, un seul gouvernement ou une seule profession. Pour les professionnels du transport qui ne savent pas par où commencer, une approche véritablement axée sur la sécurité commence par un engagement à utiliser l’un des outils les plus puissants et les plus fondamentaux de la conception et de la politique des routes : la gestion de la vitesse.
Pour parler franchement, la vitesse tue. L’Approche Systémique de la Sécurité place la gestion contextuelle de la vitesse au cœur de chaque projet de conception de route. Si la vitesse réellement pratiquée sur une route ne correspond pas à la vitesse affichée, c’est que l’ingénierie ou la politique a échoué. Donner la priorité à la sécurité signifie mettre fin à l’utilisation du 85e percentile et d’autres méthodes dépassées pour fixer les limites de vitesse qui normalisent les conditions dangereuses. Au lieu de cela, la conception des routes devrait adopter des méthodes plus proactives et fondées sur les données afin de prévenir les conséquences les plus graves des inévitables erreurs humaines.
Une éducation ciblée et une application équitable de la loi sont utiles, mais ne devraient pas servir à masquer une conception défaillante. Dans une approche systémique de la sécurité, la conception des routes doit toujours s’efforcer de garantir le respect de la règlementation par les usagers. Une coordination étroite entre les politiques, l’engagement citoyen, les forces de l’ordre et la conception est une condition préalable à une gestion efficace de la vitesse. De même qu’il est peu probable qu’une simple modification des limitations de vitesse affichées sans changement technique modifie le fonctionnement d’une rue, il est peu probable que les changements de conception soient bien accueillis par la population ou qu’ils soient mis en œuvre à l’échelle du système s’ils ne sont pas soutenus par une politique et une vision fortes. Le leadership est essentiel pour permettre aux décideurs d’adapter les vitesses aux fonctions.
L’Approche Systémique de la Sécurité comporte de nombreux outils. Pour les professionnels du transport, le fait de garantir les bonnes vitesses sur les bonnes routes est le chemin le plus direct vers un impact significatif. En d’autres termes, si une communauté aspire à appliquer une approche pour un système sûr, mais n’est pas proactive en matière de gestion des vitesses, il ne s’agit pas d’une approche pour un système sûr.
Cet article a été originellement publié en anglais sur Mobycon.com par Zach Vanderkooy de nos bureaux d’Amérique du Nord.
